Pierre-Arnaud Chouvy / 2014 / Annales de géographie.
Le déficit de contrôle politico-territorial propre à certains pays explique en partie que des dizaines de milliers d’hectares de cultures illégales y existent. Les raisons d’un tel manque de contrôle politico-territorial sont diverses et non exclusives : conflits armés, corruption, territoire non ou trop faiblement intégré ou contrôlé, déficit de moyens humains, économiques, matériels, etc. En effet, la culture illégale de dizaines de milliers d’hectares de cannabis, de cocaïer et de pavot à opium sur le territoire de certains Etats implique, de deux choses l’une, que les autorités étatiques soient impliquées dans cette production, ou que l’Etat ne contrôle pas l’intégralité du territoire dont il a la charge. Le déficit de contrôle politico-territorial s’apparente à trois cas de figure : guerre totale mais inefficace contre la drogue ; tolérance étatique ; incapacité à faire face à une contestation armée. L’impossibilité du contrôle politico-territorial complet, même par les plus puissants, démontre si besoin est qu’en dépit du nombre de batailles gagnées ici et là par les Etats, la guerre contre la drogue est perdue d’avance. En fin de compte, les limites du contrôle politico-territorial des Etats appliqué à la lutte antidrogue posent en filigrane la question de la pertinence de l’illégalité d’une pratique que certains estiment être légitime.