Pierre-Arnaud Chouvy / 2010 / Annales de géographie.
La production illicite d’opium en Asie a longtemps bénéficié des synergies qui existaient entre économie de guerre et économie des drogues illicites. Que ce soit en Birmanie, en transition entre guerre et paix, ou en Afghanistan, où l’insécurité va croissant depuis 2005, la production illicite d’opium n’apparaît plus comme étant motivée par le financement des parties en conflit mais plutôt par l’insuffisance et l’insécurité alimentaires auxquelles les populations doivent faire face. En effet, en dépit des grandes différences qui existent entre les contextes afghan, birman et laotien de production d’opium, les études menées lors des années 2000 montrent que ce sont l’insuffisance et l’insécurité alimentaires qui expliquent en grande partie le recours à la production illicite d’opium. En fin de compte, la production illicite d’opium doit moins son succès à sa rentabilité, qui est faible, qu’au fait qu’elle permet de dépasser en partie certaines des limites structurelles et conjoncturelles des systèmes de production agricoles concernés.